Nous y voilà. Après le Machu Picchu et les plus hauts plateaux Boliviens, Isla Del Sol et les falaises de la Death Road, notre périple touche bientôt à sa fin. Il ne nous reste que quelques jours pour terminer notre boucle et revenir à Lima pour le départ. Cap au Sud, dernières heures.
Mais ce n’est pas encore la fin. Il me reste 5 jours avant de reprendre l’avion, et 1 500 kilomètres nous séparent encore de Lima, à vol d’oiseau.
Dernier épisode… c’est l’occasion de regarder la carte d’un peu plus loin et de voir le chemin parcouru, et celui qu’il reste à effectuer…
Et si vous dézommez un peu, vous pouvez voir la distance parcourue par rapport à la taille du continent. C’est pas mal pour un premier voyage…
7 juin 2012,
Arrivée au Chili. San Pedro de Atacama
Nous entrons au Chili sur les coups de 11 heures du matin.
San Pedro de Atacama n’est qu’à une cinquantaine de kilomètre de la frontière, mais dans notre petit bus, et avec l’arrêt au poste frontière, cela nous prendra une bonne heure.
Le changement entre la Bolivie et le Chili est assez brutal : des petites voitures rafistolées aux voitures de luxe, des pistes en terre aux routes qu’on croirait groudronnées de la veille… le choc se ressent en quelques secondes. De la Bolivie, un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine, au Chili, un des plus riches, la frontière physique est mince mais le gouffre est énorme.
Lors de notre entrée en Bolivie, quelques jours plus tôt, nous avions dû juste faire tamponner notre passeport. Pas de contrôle supplémentaire. Ici, la douanière en charge de me laisser passer fait tellement bien son travail qu’elle vérifie trois fois la couleur de mes yeux (« bleu » sur mon passeport et dans la vie), et gratte la photo pour confirmer qu’elle est bien sous le collant protecteur. Les sacs sont scannés, le bus est vérifié, et nous repartons. C’est peut-être une frontière routière, mais au Chili, on ne plaisante pas…
Direction San Pedro de Atacama !
San Pedro de Atacama, GPS : -22.9102, -68.1987
Nous arrivons vite, dans une ville très belle et très simple. Les rues sont en terre, les maisons blanches ne sont faites que d’un seul étage… même elle a connu un essor important grâce au tourisme sur les 10 dernières années, la ville a su garder tout son charme de petite bourgade.
Nous n’avons que quelques heures ici, point de passage entre la Bolivie et notre retour au Pérou, 550 kilomètres plus au Nord.
Une première agence de bus, une deuxième, et nous réservons notre billet pour rejoindre Arica, dernière ville avant la frontière. Nous avons maintenant tout l’après-midi pour visiter (5 heures exactement) !
Nous en profitons pour nous faire un bon petit restaurant, savourer une bonne petite bière locale, et nous promener ensuite, avant de reprendre un verre sur la place principale… je vous le donne en mille : Plaza de Armas.
Il y a du WiFi au café où nous sommes, j’en profite pour appeler mes parents. Malgré toutes nos aventures, je n’oublie pas qu’aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon père. Un petit appel, depuis le Chili, en savourant une bière. Je sais qu’il a apprécié .
Nous terminons de visiter, et nous nous rendons au restaurant pour un bon dîner. Retour à la gare routière, et nous nous préparons à une nuit qui sera longue : départ à 20 heures, et arrivée à Arica, prévue demain, après 12 heures de route. Outch.
Quoi qu’il en soit, il faut y aller !
Départ de San Pedro de Atacama, le point le plus au Sud de notre voyage. À partir de maintenant, on remonte !
8 juin 2012,
Retour au Pérou. Arequipa
Je ne vous raconterai pas les heures de bus. Rien d’intéressant, pas même le film avec Jason-boum-boum-patatrac-pouf-Statam, qui a été passé deux fois je pense, peut-être au cas où quelqu’un se soit endormi et ai raté certains passages…
Après 767 kilomètres de route (très agréable, on est loin des pistes en terre et nids de poule de la route entre La Paz et Uyuni), nous arrivons à Arica, de laquelle nous ne verrons… que la gare routière. D’ici, il nous reste un peu plus de 400 kilomètres à faire, pour rejoindre Arequipa.
Arica, GPS : -18.484, -70.313
Arica, la station où quelqu’un de la sécurité te dit toutes les dix minutes de garder les yeux sur tes sacs, et l’endroit où mon traceur GPS a disparu de ma ceinture… Bravo la ville ! Super réveil !
Heureusement, Julien et JB ont vite fait de nous trouver un transport jusqu’au Pérou. Et quel voyage : pas de bus pour traverser la frontière. Il faut prendre un taxi, rouler jusqu’au poste, à 20 kilomètres, puis rejoindre Tacna, première ville au Pérou, 36 kilomètres plus loin.
Bien entendu, nous nous retrouvons à 6 dans une petite voiture, rentabilité maximum.
Nous arrivons rapidement à la frontière. Attendre un peu, passer pour avoir son tampon, passer les sacs au scanner, et retour en taxi.
« Pérou, nous re-voilà ! »
Un petit arrêt à Tacna, déjeuner dans la gare routière. 30 minutes d’attente avant le prochain départ suffisent à faire la rencontre d’un vieux monsieur Péruvien, qui se met à me parler en Français, et me raconte sa vie à Marseille, Lyon… (je soupçonne Antoine…). Intéressant et surprenant de voir comment les chemins de certaines personnes peuvent se croiser comme ça, au hasard, à plus de 10 000 kilomètres d’un lieu commun, dans la gare routière plutôt déserte d’une petit ville. Instant, lieu, circonstance.
Tacna, GPS : -18.0182, -70.2509
Nouveau bus, avec 8 heures de trajet.
Arrivée à Arequipa sur les coups de 16 heures. Le soleil commence à descendre doucement. De là, même topo : récupérer les sacs, trouver un taxi pour rejoindre le centre-ville (enfin, la Plaza de Armas), trouver un lieu où passer la nuit, explorer.
• Sacs OK. Nous prenons même le temps de réserver le bus du lendemain.
• Taxi qui navigue dans les bouchons et les travaux aux abords de la gare routière.
• Hostal Le Foyer. Petit luxe d’un Skype avec ma chérie.
• Visite nocturne sur la Place des Armes, découverte de la cathédrale de nuit, mojitos dans un petit bar, dans le Paseo de la Catedral.
23 h, tous au dodo. 20 heures de trajet en bus, ça fatigue.
9 juin 2012,
Découverte de Arequipa. Monastère Santa Catalina. Départ pour Lima
Arequipa, GPS : -16.3992, -71.5367
Réveil à 8 heures du matin. Je pense que mon corps est habitué à se lever tôt, peu importe mon état de fatigue.
Petit-déjeuner sur le très long balcon de l’auberge, perché au dessus de la rue. Le soleil est là, il réchauffe nos visages et obligent à manger comme des touristes, avec des lunettes de soleil .
Visite des artères commerçantes, des petites places… Arequipa est une ville unique. À 2 300 mètres, au pied du volcan El Misti à la cime enneigée. Deuxième plus grande ville du Pérou, avec un passé riche et un centre historique classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2000. Ses façades anciennes taillées dans le sillar, une roche volcanique à la couleur blanche/perle lui ont donné le nom de « La Ciudad Blanca » (« La Ville Blanche »). Une ville d’une beauté remarquable.
Petits havres de paix…
Nous entrons ensuite au Monastère de Santa Catalina, une des étapes presque immanquable à Arequipa. Couvrant tout un bloc (ou « pâté de maisons » si vous êtes en France), avec une superficie de 20 000 m², caché derrière de hauts murs, le Monastère est une vraie citadelle. Ses rues intérieures courant dans tous les sens en labyrinthe, ses blocs aux couleurs différentes… Un réel épisode à la fois beau et culturellement riche.
Bâti en 1579, ce monastère pour femmes n’a d’abord accepté que les Espagnoles de la haute-classe, à qui on offrait servants et esclaves. Il a ensuite été réformé en 1871 par une none envoyée par le Pape, renvoyant les riches en Europe, gardant celles qui souhaitaient rester et devenir nones. Le lieu a réellement une histoire unique.
La cour de l’Oranger
Les zones résidentielles sont colorées de bleu
Four à pain dans l’arrière-cour de la chambre d’une nonne
Un vrai système de rues intérieures au monastère…
… une vraie petite ville-citadelle
Après plus d’une heure de visite, nous retrouvons la ville, et c’est l’heure de manger. Les gars choisissent une sorte de brasserie avec télévisions, car l’Euro 2012 se joue en ce moment… Le foot… Ah… Moi je mange et sors me promener.
Dernière promenade à Arequipa
C’est ensuite le moment de se retrouver à l’auberge, de rassembler les affaires, de trouver un taxi (ça c’est facile), et retour à la gare routière, pour le bus de 16 h. Quasiment 24 heures dans la même ville, un record jusqu’ici !
On case tout dans un petit taxi pour trois !
Prochain arrêt : terminus, fin du voyage à Lima, à un peu plus de 1 000 kilomètres, et… 16 heures de route.
10 juin 2012,
Fin du voyage
Lima, GPS : -12.0480, -77.0622
Bon timing, nous arrivons à Lima vers 8 h du matin.
Étrange sensation. Je suis déjà passé par cette ville, mais je vois ses bâtiments pour la première fois. La boucle a commencé par Lima, et se terminera ici. Fin du parcours. Mais pas fin du voyage, il me reste deux jours, je me suis réservé un peu de temps pour me reposer et découvrir cette ville.
Et quelle sensation vraiment étrange ! J’ai la sensation de la connaître déjà. Peut-être parce que de toutes les villes que nous avons traversées, c’est celle qui ressemble le plus à une ville européenne. L’influence Espagnole a vraiment été très forte ici.
Je pars avec Jean-Baptiste à la recherche d’une auberge, Julien prend lui un taxi pour l’aéroport et enregistrer ses bagages, il sera le premier à décoller.
Nous trouvons une chambre du côté de Miraflores, le quartier touristique et « cool » de la capitale.
Nous partons ensuite pour le centre, vers la Plaza de Armas, où nous devons retrouver Julien, devant la grande cathédrale.
Après deux semaines de découverte à la marche, se retrouver à se déplacer en Metropolitan (un métro-bus), c’est un peu perturbant. Mais entre une petite ville de province et ici, les distances à parcourir ne sont pas les même.
Nous arrivons avec JB sur la place. Rire nerveux. Ça ne va pas être aussi facile de retrouver Julien. Aujourd’hui, c’est la célébration de Santa Rosa de Lima. Elle est une Sainte, originaire de Lima, considérée comme la première Sainte du Nouveau Monde. « Non contente des planches de bois sur lesquelles elle dormait, elle se confectionna un lit avec des morceaux de bois liés avec des cordes puis remplit les intervalles de fragments de vaisselle et de tuiles avec les acuités vers le haut. Elle dormira dans ce lit les seize dernières années de sa vie ». Un véritable honneur lui est réservé ici, sa ville d’origine, et la place s’est transformée pour l’occasion en champ de fleurs, et s’est remplie de personnes débordantes de foi et de bonne humeur.
C’est parti pour une messe en plein air de deux heures !
Et juste un peu plus loin, près du fleuve, des Quechuas répètent un spectacle pour leur festival…
Nous prenons le petit-déjeuner, et nous retrouvons finalement Julien, avant de commencer notre visite des environs.
Nous déambulons, dans les petites rues, entre les restaurants locaux et les boutiques, avant de décider de faire un petit bout de la « Route du Pisco Sour ». Le Pisco Sour est un cocktail répandu à travers toute l’Amérique du Sud, avec ses variations, fait à base de Pisco (un alcool de raisin, un peu comme la grappa, mais originaire du Pérou), de glace, de lime, de blanc d’œuf et d’Angostura.
Nous débutons dans le bar d’un immense hôtel, le Gran Hotel Bolivar, longtemps considéré comme étant le plus luxueux en Amérique du Sud. C’est ici que Mick Jagger boît ses Pisco Sour, apparemment.
Forcément, le foot ça attire les gars…
Sur la place du Gran Hotel Bolivar, Plaza San Martin
Une œuvre d’art en pleine rue
Suite de la visite, quelques kilomètres de plus, puis nous nous arrêtons à El Cordano, une institution de plus de 100 ans qui a vu passer comme client chacun des Présidents du Pérou depuis son ouverture (le Palais Présidentiel est juste en face , c’est un peu le « bar du coin »).
Pisco Sour, jeux de cartes… l’après-midi défile et à 17 h, Julien nous quitte pour prendre à nouveau la direction de l’aéroport.
On continue la visite… Même après 15 jours de marche, on a le goût de déambuler dans les petites rues !
Église de la Ricoleta
El Cordano
Nous rentrons à l’auberge, ce soir il y a barbecue sur le toit .
11 juin 2012,
Fin des festivités
Réveil à 7 heures, après une bonne nuit courte mais réparatrice. Petit-déjeuner sur la terrasse du toit, sous le soleil, avec l’ordinateur portable, à Skyper et à rattraper un peu le temps qui semble avoir défilé beaucoup trop vite. Prise de conscience qu’il s’est passé des choses, pendant que nous étions dans notre petite bulle, à voyager. Retour à la réalité, mais retour en douceur.
JB reste ensuite pour regarder une fois de plus le football, pour moi, ça sera la journée des cadeaux et des cartes postales.
Ma valise sera remplie cadeaux en Alpaga, après tout, c’est vraiment originaire d’ici ! Les cartes postales, elles, seront limitées. Les cartes ne sont pas chères du tout, mais les timbres pour l’étranger sont à 8 Bs. l’unité (~ $ 3 / 2 40 €), le prix d’un bonnet en laine ou quasiment d’un repas au restaurant…
L’après-midi passe, et à 16 h, c’est maintenant à JB de prendre ses valises et rejoindre l’aéroport.
Même sensation qu’avec Julien hier. Nous nous connaissons tous les trois depuis 8 ans maintenant, et même si l’on ne se voit qu’une fois par an à peu près, le plaisir et les bons moments reviennent vite, sans prise de tête. Dire au revoir à de vrais bons amis, ça me laisse toujours une sensation étrange.
Quoi qu’il en soit, je suis maintenant le dernier. Après Sophie, partie quand nous étions à Cusco, Lisa, qui nous a quitté à La Paz, Julien hier et Jean-Baptiste aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être le dernier aventurier de notre troupe, pour quelques heures encore.
Dernière visite du centre après le coucher du Soleil. Achat d’un sac de sport, car comme à mon habitude, j’amasse beaucoup de cadeaux, plus que mes sacs d’arrivée ne peuvent contenir. Un sac supplémentaire de 80 L n’est pas de trop…
Dernière visite, dernière photo, sur la Plaza de Armas
Retour à l’auberge. Empaquetage.
20 heures.
Je sors chercher quelque chose à manger. Je passe devant le Parc Central de Miraflores, puis quelques mètres plus loin, j’entends une petite musique, venant du Parc John F. Kennedy. Une petite fille est là, à côté de ses parents, et joue d’un instrument en plastique, une sorte de xylophone. La mélodie est douce. Je l’entends parler à ses parents, sa musique est une « chanson pour les chats ». Je la regarde, et suivant son regard, découvre la scène : en plein milieu du parc, deux personnes sont assises dans l’herbe au pied d’un arbre, et ont posé des petits bols de nourriture tout autour d’eux. Des chats sont là, en train de manger, calmement. Aucun d’eux ne bouge, la scène est calme, presque figée. Je prends le temps de les compter. Ils sont 28, tous assis, en communion. Cet instant de paix, comme hors du temps, est vraiment magique. La petite fille continue de jouer sa « chanson ».
Je finis par trouver un restaurant. Dîner, petite promenade, retour à l’auberge pour une dernière fois. Dodo à minuit.
12 juin 2012,
Fin
Derniers moments du voyage, dernières heures au Pérou.
3 heures du matin, mon alarme sonne doucement. J’appréhendais ce moment, mais je me sens bien, reposé.
3 h 18, je rouvre mes yeux, sors du lit, file à la douche, puis prends mes sacs.
3 h 30, mon taxi est là. Dernier voyage dans Lima. Il fait encore noir, mais il fait bon et les fenêtres sont ouvertes. Nous prenons la route au bord de l’Océan. Je ne peux pas le voir, mais je peux l’entendre et le sentir.
4 h 15, les sacs sont enregistrés.
6 h 27, l’hôtesse appelle les rangées 20 à 33 à embarquer. 22B, c’est pour moi.
7 h, décollage.
Cap au Sud. Pérou, Bolivie, Chili. Fin.
Prochain arrêt : PTY – Tocumen International Airport (Panama City).
Destination…