Déjà 6 jours passés au Pérou. Après Cusco, Pisac et la Vallée Sacrée, après trois jours de marche sur le Salkantay Trek, après les plateaux, le col à 4.600 mètres, à braver l’altitude, le vent et la glace, après la descente dans la jungle, à nous battre contre moustiques et bêtes sauvages (OK, ça c’est pas vrai, on a pas été dérangé plus que ça…), nous sommes maintenant à l’aube de notre quatrième jour dans la vallée du Río Urubamba, à 24 heures maintenant du Machu Picchu, destination finale de notre trek.
Une journée au départ de Santa Teresa, à longer une route poussiéreuse puis une voie ferrée à bord de rivière, et nous arriverons à Aguas Calientes, ville au pied de la célèbre citadelle. Au cinquième jour, nous ferons les derniers pas qui nous séparent d’elle, puis quelques autres, juste parce qu’on aime ça, pour grimper au sommet du Huayna Picchu. Cette cinquième et dernière journée de trek marquera aussi la fin de notre passage au Pérou.
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Salkantay Trek, jour 4. De Santa Teresa à Aguas Calientes, par Hidroelectrica
Distance parcourue : 25 km
Dénivelés de la journée : 1 060 m / 905 m
Altitudes : 1 455 m (Santa Teresa) » 2 096 m (Aguas Calientes)
La nuit à Santa Teresa a été bonne. Douce, calme et agréable. Tellement que je suis le premier levé, à 6 h 30, une demi-heure avant que le chef ne réveille le camp avec son thé matinal.
Un petit déjeuner, et nous nous mettons en route à 8 h 30. Nous traversons la ville, naviguons dans les petite rues, pour arriver à un petit chemin qui descend à Río Urubamba, la rivière de la vallée. Daniel nous explique que la ville se situait plus bas il y a quelques années, mais qu’elle a été déménagée 50 mètres plus haut suite aux crues qui la submergeaient régulièrement et à un glissement de terrain qui l’a complètement détruite en 1998. Il ne reste plus rien de l’ancienne Santa Teresa.
Nous traversons le torrent par un petit pont suspendu, vacillant beaucoup, puis nous remontons au niveau de la piste. C’est parti pour 10 kilomètres de marche sur ce petit chemin.
Oliver et Emily
La piste est une route pour les bus allant à Hidroelectrica. Dès qu’on se fait doubler, on avale de la poussière…
Quasiment plat. Je me retrouve à marcher avec Lisa, Julien et JB, et nous démarrons un petit jeu pour nous occuper, tandis que nos jambes font leur travail.
« – Personnage fictif ?
– Oui.
– Superman ! »
Ok. Celle-là, c’est une blague entre nous. « Bruce Wayne » ou « Amerigo Vespucci » n’ont pas été aussi faciles à trouver .
Sur le parcours, pas grand chose. Montagne à droite, montagne à gauche, torrent au milieu et notre route, passant d’un côté à l’autre. Parfois une usine ou des chantiers près de l’eau, parfois une impressionnante cascade sortant tout droit, comme horizontalement du flanc de la montagne.
Décor un peu surréel
Décor très surréel
Sur le site d’Hidroelectrica… Ça a vraiment l’air d’une usine…
11 heures, nous arrivons à Hidroelectrica, une centrale… hydroélectrique, premier checkpoint de la journée. C’est aussi là que démarre la voie ferrée allant jusqu’à Cusco.
Au début de la voie, beaucoup de petites… hum… boutiques, enfin, plutôt étalages, directement collés aux rails. Nous nous posons dans un petit restaurant (enfin… petite guinguette) de l’autre côté, au milieu de la palmeraie.
Nous avons reçu une boîte à lunch de la part de notre chef, qui nous a quitté au petit matin pour retourner à Mollepata. Retour à pied, chemin inverse. Wow.
Repas, les filles craquent pour une glace en dessert. Moi aussi .
À gauche, arrivée sur le début de la voie ferrée,
À droite, les glaaaaaaces !
11 h 45, nous repartons. Rapide grimpette dans la palmeraie, et nous rejoignons une autre voie ferrée un peu plus haut, qui doit être moins utilisée. C’est parti pour 12 kilomètres ! Il suffit de longer. Facile !
Nous suivons la voie, toujours au bord du torrent, à traverser parfois quelque pont pour rejoindre l’autre rive.
C’est parti pour 12 kilomètres à longer cette voie !
« Ne pas marcher sur la voie ». Uéuéué…
Pont à traverser… Attention aux trous !
L’endroit est vraiment magnifique : coincé au fond de la vallée, le rugissement de l’eau toujours présent, la végétation abondante et luxuriante. Même s’il n’y a rien de vraiment spécial, le chemin est des plus agréables.
Dans la troupe-eeuu…
Une marche vraiment reposante pour l’esprit !
Nous croisons le train qui relie Cusco à Hidroelectrica à deux reprises, sans grand danger pour nous : il klaxonne toutes les 10 secondes, et roule au pas.
À autre un moment, nous faisons la rencontre d’un chien, bien heureux de trouver de la compagnie. Tellement qu’il nous suivra jusqu’à la fin de notre marche.
Le train, pas si dangereux que ça…
Même si on se demande parfois si on continue à avancer ou on attend de voir… Certains passages sont vraiment étroits
Un nouvel ami ! Vraiment très sympa en plus !
Nous rejoignons enfin la gare au pied du Machu Picchu, après trois heures de marche, et encore à deux kilomètres d’Aguas Calientes, où nous passerons la nuit.
Puente Ruinas, la gare au pied du Machu Picchu
Le train reliant Cusco au Machu Picchu est opéré par Peru Rail, mais est un service de… l’Orient Express.
Extrêmement luxueux à bord. Par contre, comptez $ 720 (590 €) par personne pour l’aller-retour…
Le repos attendra un peu. Nous allons d’abord nous reposer aux sources chaudes de la ville (piscines dans lesquelles vous pouvez appeler le serveur et commander un cocktail à siroter dans l’eau thermale ), puis savourer notre dernier diner ensemble au restaurant, suivi d’un verre, et d’une pizza en extra (faim ! ) .
De la gare à Aguas Calientes… la ville est au bout…
Dodo tôt, demain, il faudra être très matinal !
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Salkantay Trek, jour 5. Grand Final : Machu Picchu, Huayna Picchu
Distance parcourue : 11,4 km
Dénivelés de la journée : 1 028 m / 1 044 m
Altitudes : 2 096 m (Aguas Calientes) » 2 430 m (Machu Picchu) » 2 613 m (Huayna Picchu) » 2 096 m (Aguas Calientes)
3 h 45. Le réveil sonne.
Dur d’ouvrir l’œil. Pour la première fois depuis le départ de Cusco, nous dormons dans des lits, avec des oreillers. Wow. Vraiment envie de rester collé à ce petit bout de confort, mais il faut bien se bouger, car aujourd’hui, c’est LE grand jour !
Pas le temps de prendre le petit-déjeuner. Daniel nous rejoint au bas de l’hôtel à 4 h 15, avec des petits gâteaux, une banane et un jus de fruit pour chacun. Nous gardons tout ça pour plus tard, il faut d’abord marcher les deux kilomètres qui nous séparent de l’entrée du site, afin d’être dans les premiers dans la file d’attente. Il y a un premier contrôle en bas dans la vallée, pour vérifier que vous avez bien votre billet d’entrée (qu’il faut prendre à l’avance. Seuls 2 500 visiteurs sont autorisés par jour, afin de préserver le site classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO).
Sur place, nous attendons l’ouverture, en mangeant nos snacks.
5 heures, le premier point de contrôle nous laisse passer. Billet, passeport, et nous sommes prêts à grimper les 400 mètres de dénivelé qui nous séparent encore de l’entrée principale du site. Deux options : en bus (pour les paresseux), ou les marches. Il y a des escaliers qui montent, quasiment en ligne droite, et croisent à plusieurs reprises la piste des cars.
Escaliers ! Allez ! C’est le dernier jour, pas le moment de se dégonfler ! Il fait encore noir, l’ascension se fait à la frontale…
1,5 km, 400 mètres de dénivelé, 1 700 marches (pas des petites marches, encore gentil un coup des Incas)… bouclé en 40 minutes de bon matin, avec JB. Les doigts dans le nez (ou presque). Un brin sportif, il est dit que la montée se fait généralement en 60-90 minutes.
Les premières lueurs du matin se font voir à la fin de la montée
En haut, nous attendons que les portes principales ouvrent…
20 minutes de repos en haut, les portes principales du Machu Picchu ouvrent à 6 heures.
Nous entrons, et Daniel nous guide vers un endroit particulier, d’où nous avons une vue… sur le peu que nous pouvoir voir, tout est complètement sous les nuages. Là, notre guide nous parle de l’histoire de la cité et de sa découverte en 1911 par Hiram Bingham (oui, c’est très récent).
C’est bien couvert pour le moment…
Du coup, petit cours d’Histoire
… dans un décor de légende…
Nous montons ensuite à la « cabane du gardien », point le plus haut et avec une vue complète sur tous les environs (le gardien devait pouvoir tout voir à tout moment). Les « environs » sont très proches, les nuages recouvrent encore complètement le site. Nous ne voyons rien, mais en sachant ce qui se cache dessous, cette couche de moutons donne au site une aura particulièrement mystique.
Le site depuis « cabane du gardien » (la petite maison)
Nous attendons là l’aurore.
Le soleil se lève enfin, et par quelque magie Inca, les nuages se dissipent au moment où ils sont touchés par les rayons de l’astre solaire. Le site se dévoile seconde après seconde. Magique. Fabuleux. Mafuleux. Je manque de superlatifs tant le spectacle est beaustouflant.
En quelques secondes, les nuages glissent…
… et le site se révèle entièrement à nous. Wow. Wow.
Nous descendons ensuite pour une visite guidée des salles, des constructions, des créations géniales des Incas. Y’a pas à dire, ces Incas, ils géraient grave !
On descend dans le cœur du site…
… et la vue est tout simplement… sublime ? Légendaire ? Les mots manquent un peu.
Chaque groupe fait sa visite
Nous, nous suivons notre Dani-boy
Les Incas bâtissaient principalement deux types de mur : les murs « normaux », fabriqués sans mortier, tenant juste par la gravité…
… et les murs « wow ». Sans mortier aussi, ceux-ci étaient plus travaillés du fait de leur position importante. Celui-ci est le mur arrière d’un temple, d’où sa beauté, le choix d’avoir fait un mur « wow ».
En tout cas, normaux ou wow, ils résistent à tout ! Et pour preuve, ils ont parfaitement survécu aux nombreux grands séismes de la région depuis le temps des Incas (jusqu’à 7,5 sur l’échelle de Richter !)
La place centrale
De la place centrale, les terrassements sont bien visibles. C’est impressionnant.
Pendant la visite, nous rencontrons par endroit de nouveaux moutons…
… mais qui ne gâchent pas notre plaisir…
… et participent même à obtenir une photo parfaite. J’aime tellement ! <3 Celle-là sera un jour dans ma chambre…
9 heures, notre visite se termine. Daniel nous rassemble pour nous dire au revoir. Après 5 jours de vie commune, quasiment passée ensemble 24/24, j’ai le sentiment de me séparer d’un bon ami. Une bonne partie du groupe se sépare aussi ici. Chacun va faire son petit tour et va rentrer ensuite par ses propres moyens à Cusco ou partir vers d’autres horizons. Nous discutons un peu avec Amie, Jenny, Emily et Oliver, puis les bises. Ce n’est pas un adieu ! Nous avons encore une heure devant nous pour terminer notre petite visite…
Sandra (de dos), Jenny, Amie, Emily et Oliver (pensif)…
… et Lisa, Julien-le-guide et JB
Et on finit notre petit tour…
… on sort des sentiers balisés…
… pour le meilleur
Une photo de famille, pour l’occasion. Il en faut bien une !
À 10 heures, nous sommes dans la file d’attente pour accéder au Huayna Picchu (« jeune montagne » en Quechua), le sommet qui surplombe le Machu Picchu. Ici, pas plus de 400 entrées par jour et en deux vagues de 200 personnes maximum (à 8 et 10 heures).
Je m’amuse devant le panneau situé à l’entrée, disant que la randonnée est réservée aux personnes « fit and healthy only ». (seulement les personnes « en forme et en bonne santé »). Ça promet !
« On est reparti, ouay! »
Et en effet, l’ascension est éprouvante. Des marches, hautes (encore, merci les Inca), parfois glissantes, et toujours en forte pente. Mais là encore, le chemin et la vue valent tous les efforts : petit sentier étriqué, navigant entre les arbres à flanc de montagne, et toujours au bord du précipice, avec un angle sur le fond de la vallée et le Río Urubamba, 700 mètres plus bas.
C’est ce petit pic que nous allons grimper… et pour ça, encore des marches Inca !
La vue est tout simplement à couper le souffle. Au centre et montant sur la gauche, vous voyez le chemin qui grimpe, et de chaque côté, ça tombe sec au fond de la vallée, 600 mètres plus bas. (photo dans ma chambre aussi ? Raaah, j’hésite !).
Croiser des gens sur le chemin, c’est pas forcément ce qu’il a de plus facile par endroit… On a également une belle vue sur le Machu Picchu, qui semble tout petit d’ici…
Juste avant d’arriver au sommet, un petit moment de pur plaisir : une caverne à traverser, obligatoirement, en rampant, dans le noir, d’abord sur terrain plat, puis en pente montante à 60°. Un peu de mal, très étroit, et avec le sac sur le dos et l’appareil dans la main, la manœuvre est délicate. Mais je m’en sors, et effectue les derniers pas pour arriver sur le plus haut rocher, dominant tout. Sensation intense, que d’être au-dessus de tout ce que vous pouvez voir autour de vous. Sommet. Sommet du sommet. Y’a pas plus haut.
Pas facile pour tout le monde : cette pointe est littéralement un pic, dévalant directement jusqu’au torrent au fond de la vallée, 700 mètres à la quasi verticale. Julien manifeste un petit vertige, mais brave son courage et nous rejoint finalement.
L’arrivée au sommet…
… et les montagnes d’en face menaçantes…
Et autre petite photo de famille au sommet !
OK, pas de vertige . La flèche indique le meilleur endroit où il faut aller si vous voulez tomber. Enfin, je crois…
Il faut redescendre, et là encore, les hauteurs jouent sur la vue. Petits escaliers, avec des marches à la moitié de la longueur du pied. Ratez-en une, glissez, et atteignez le fond de la vallée. « Fit and healthy », voilà pourquoi !
Et oui, c’est à pic ! Tellement que j’ai fait une photo spéciale pour mon cher papa qui a le vertige
Resdecendre…
Sur le chemin… <3
Une fois le « plat » atteint, la suite se fait au pas de course avec JB, en mode rallye. Virage à droite, descente, courbe, rochers, virage à gauche… Un petit moment de plaisir ! Nous rejoignons le Machu Picchu, que nous quittons rapidement après une dernière visite, et reprenons notre descente vers la vallée par les marches du matin, encore au pas de course. Retour à Aguas Calientes. Petite douche à l’auberge, nous récupérons nos sacs. Nous décidons de manger une petite pizza aux fruits et au lait, un délice, avec un dernier verre, puis il est temps de rejoindre la gare.
De retour en bas, notre ami nous attendait. Improbable ! Et dernière marche vers Aguas Calientes. La vallée est vraiment belle !
Je m’arrête rapidement au marché pour trouver un petit accessoire, et nous embarquons dans le train pour Poroy à 16 h 32. 90 kilomètres à parcourir au fond de la vallée. Un peu plus de 4 heures de trajet.
C’est quand même la classe, les vitres au dessus du train pour agrandir la vue !
OK, faut se faufiler avec nos gros sacs
, fin,
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Dernières heures au Pérou, en route vers la Bolivie
Distance parcourue : 94 km (Aguas Calientes > Poroy – train) » 405 km (Poroy > Cusco > Puno)
Altitudes : 2 096 m (Aguas Calientes) » 3 380 m (Cusco) » 3 870 m (Puno)
Un chauffeur était censé nous attendre à notre arrivée à Poroy, mais avec notre retard, il a dû nous abandonner. Il nous faut réagir vite : nous devons rejoindre Cusco, à 10 km, récupérer nos sacs laissés à l’auberge avant de commencer le trek, et nous rendre à la gare routière où notre bus doit partir à 22 h. Et nous avons moins d’une heure pour cela.
Le plan est décidé : ce sera pour nous un épisode de Pékin Express. Le train arrêté, nous sommes au portes avec nos sacs sur le dos, prêts à courir. Nous descendons, traversons le quai à toute allure, puis la gare, et arrivons aux grilles (l’accès est fermé, les chauffeurs de taxi attendent à l’entrée, prêts à bondir). Nous choisissons notre gars, expliquons tout en courant notre situation et notre besoin d’arriver rapidement à Cusco. Il accepte. Nous jetons les sacs dans le coffre, entrons dans la voiture, et il se met en route. Il dépasse tout le monde sur sa route, et après 20 minutes de course folle, nous arrivons à notre première destination. Au pas de course jusqu’à l’auberge, sacs, retour au taxi, et à nouveau en route dans les rues de Cusco. Nous arrivons à la gare routière à temps.
Quelques minutes et notre bus part. Prochain arrêt : Puno. Et Puno, cela sera la seule chose que je verrai du parcours. La journée a été épuisante, je m’endors en quelques secondes.
Nous arrivons à 5 heures du matin.
Il fait froid. Puno, au bord du Lac Titicaca, est à 3 870 mètres d’altitude. Avec la température et l’humidité, mon genou gauche me fait mal. Retour de l’ancienne blessure aux ligaments, arrivée pendant un hiver de ski, il y a bientôt 10 ans. Intense, impossible de plier la jambe. Ça promet pour la suite…
Les petites boutiques de la gare sont heureusement ouvertes, je m’offre un chocolat chaud de réconfort. Boisson chaude et lever de soleil à 6 heures sur le lac, à travers les vitres. Superbe. Je sais que ce ne sera qu’un avant-goût de ce qui nous attend ensuite, mais je savoure ce moment comme je peux.
Notre bus part enfin à 8 heures, pour notre prochaine destination : Copacabana, Bolivie.