Suite du billet Nouveau départ (3/7). Avec un peu de retard dans la publication…
Mercredi 4 août. Troisième journée de stage.
Au petit matin, notre traditionnel (oui, en deux jours on prend des habitudes
Café avalé, chemin habituel. Direction « la maison », pour saluer les collègues, papoter des pistes, voir les photos, et planifier la suite du shooting.
Je repars au marché de la Place aux Herbes, histoire d’avoir du contenu. Il faut se retenir d’acheter du fromage, des épices, des olives du coin.. dur quand on aime les bonnes choses
Discussions en ville, les touristes sont sympathiques, les locaux encore plus. J’aime ce contact ! D’autant que ma barrière de timidité est brisée. « Bonjour ! Je suis photographe en stage sur Uzès pendant 5 jours. Ça vous dérange si…? ». Et hop !
12h30 sonne le retour rue Duhoda. Encore un déjeuner délicieux de Catherine.
Je profite aussi de ces quelques instants pour observer les autres dans leur travail. Jacques est à ses tirages argentiques. La manipulation est magnifique. Développement des négatifs, planches-contact, sélection, tirage. Cela m’attire ! Argentique ? Pourquoi pas un jour !
Je discute ensuite avec Yann de mes photos. Conclusion commune : il faut encore changer de sujet. Les diptyques seront réalisés plus tard, dans un projet perso à plus long terme. Une nouvelle idée germe : raconter une histoire sur plusieurs images. Ça me plait ! D’autant que cette fois-ci, la relation entre chaque prise peut être définie à l’avance de manière cohérente.
OK ! C’est reparti, la volonté et la détermination encore plus présentes.
Je m’assieds en terrasse, commande un café, sors carnet et stylo, et commence à écrire mes tableaux. Première ébauche.
1. L’attente
– Femme assise, regard au loin.
– Homme de dos.
– Femme, même plan, flou de sortie hors champ.
[…]
Six tableaux sont rédigés. Chacun se présentant sous la forme d’un triptyque, chaque tableau ayant son unité propre, pouvant être vu seul. Les six ensemble forment une histoire complète. J’aime l’idée d’histoires autonomes dans l’histoire.
La trame écrite, je me mets à la recherche de photos pour monter un storyboard. Des lieux, des situations, des personnes. Il me faut au maximum préparer le terrain. La discussion avec Yann a abouti à cette approche : tout préparer, tout scénariser, pour avoir matière à travailler, à corriger (« finalement le cadre final serait mieux comme ça »), afin d’avoir une séance photo demain dans laquelle je n’aie plus qu’à diriger mes modèles. La marge d’improvisation doit être minimale, le temps commence à manquer.
« Tiens, en fait, cette table [sur laquelle je prends mon café et travaille] est pas mal pour le 3e tableau ! ». Pas forcément à chercher loin pour trouver matière
Dernières photos en centre-ville. Derniers repérages, dernières photo d’ambiance, de mouvement. Le storyboard prend forme, et commence à me plaire. J’aime sentir que les choses avancent !
Bientôt 17 heures. Retour chez Yann et Catherine.
Je présente mes photos et mon histoire à Yann. Il regarde, implacable. J’adore cela chez lui. Très pédagogue, il observe, il aide, il propose mais sans jamais imposer. « C’est votre travail, c’est votre idée, cela doit vous plaire avant tout ». Bon, il ne l’a pas dit, mais cela résume bien le cadre de liberté du stage.
Il rectifie certaines erreurs, parle des plans. Vraiment bon. Nous en profitons pour réduire l’histoire à un noyau plus cohérent. Quatre tableaux.
J’en profite pour affiner mes écrits.
1. L’attente [extérieur, jour]
– Femme, assise, regard au loin vers la gauche. Visage non entièrement discernable (cheveux tombés ?). Cadre face façade, net.
– Homme traversant le cadre vers la droite. Cadre rue, net.
– Même cadre que A, femme quittant le champ sur la gauche. Floue.
[…]
Nous parlons d’un sujet épineux : les modèles. Deux options : les modèles sont différents sur chaque triptyque, ou les modèles sont identiques, et je dois alors trouver des inconnus suffisamment sympa pour bloquer quasiment deux heures pour moi. La première solution est rejetée. Eh oui, la cohérence de l’histoire pourrait en prendre un coup. Le travail sera donc complexe. Vient alors une idée de génie à Yann (oui oui, car c’est cette idée qui sera la pierre angulaire du résultat) : « Pourquoi ne pas demander à Anouk ? ». Anouk est leur fille. J’avoue que je tremblais bien à ce moment-là.
« Bérenger. Anouk. Les présentations sont faites. Anouk ? Bérenger a un truc à te demander. Je vous laisse ! ». Haha. Je me lance, lui présente rapidement le projet, les implications, les tableaux. Elle accepte de suite. Ouf ! Un poids en moins.
Avant de partir (la journée de travail est terminée depuis longtemps, je suis le dernier sur place), je présente mes recherches à Anouk qui aime plutôt. Bon, ça aussi c’est bien ! Nous parlons de sa tenue, de ses chaussures, de toutes ces choses auxquelles en bon gars je n’avais pas pensé
Rendez-vous est pris pour demain matin, 8h30, en face du cinéma.
Le retour au camping s’effectue sourire aux lèvres, content de cette journée décisive et qui a vu une première réelle avancée dans le projet.
Petit poulet rôti-chips avec Jérémy, puis séance photo sur les coups de minuit. Je pose pour lui, en caleçon en haut d’un lampadaire. Puis à nouveau en caleçon en pleine rue, assis sur un banc en pierre. Sympa
Note : demain, enfin, plus tard, je ferai une chose que je n’ai jamais faite en photographie. Avancée du projet oblige, et ayant vraiment l’envie de partager le maximum de cette « aventure », je publierai les photos brutes (non retouchées, non recadrées) qui ont servi à la réalisation finale. Et oui, il y a bien des photos avant les tirages.