Bérenger Zyla, Photographer

CHAOTIC FIB! XV Festival Internacional de Benicàssim, part.3 (and last one)

Précédemment…
Si vous n’avez pas lu les billets précédents, il sont là, puis là pour la deuxième partie …
Frissons, bronzage, apéros… le pré-festival s’amorce très bien ! La première nuit est énorme, avec en guest d’ouverture Oasis…

Festival Internacional de Benicàssim

J+5. Day two. vendredi 17 juillet 2009. Paul Weller. Incendie. Tempête.

♫ Well, I – feels like a place I’ve never been… And, I – feels like a place I’ve never seen…

Réveil un poil difficile. Pastèque. Céréales. Douche. C’est qu’on y prendrait goût.
Plage, bronzette, sauts dans les vagues… C’est qu’on y prendrait goût aussi !
L’apéro, le repas, et zou, direction Escenario Verte, au pas de course. Ce soir, Paul Weller ouvre la danse ! Je n’avais pas écouté avant de venir, j’avais désobéï à Julien. Mais le style est là, le rythme aussi, et tout le monde apprécie !
Quand soudain !…
(lol). Les gens devant moi se tournent, lèvent le doigt, et pointent la tribune V.I.P. . Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Je me retourne, je comprends mieux. Une fumée assez grise s’élève de la route qui est juste derrière, directement collée à la scène. À environ une cinquantaine de mètres de nous. Tout près donc. Bon. Je pense d’abord à un accident, le festival jouxte en effet une voie rapide. Le concert continue. Un œil supplémentaire quelques minutes plus tard. La fumée s’est épaissie. C’est bizarre. Puis les flammes se laissent voir par dessus la tribune. Chaud. En même temps, avec ce vent… Bon, faut bien continuer. Les yeux retournent sur la scène. Le live se termine pourtant plus tôt que prévu. Oh. Les flammes font toujours rages, et se sont même déplacées. Très impressionnant. Le vent s’est aussi levé, venant pour une fois de l’intérieur, des terres, chariant en même temps une quantité de poussière hallucinante. La scène vibre, les lumières dansent au-dessus de la scène, les écrans géant sont ramenés au sol par sécurité. Uh. J’aime pas trop ça…
Mais bon, pas grave… Dans quelques minutes, Kings Of Leon !! Wouhou !
22 heures, première annonce du staff : en raison du vent, le démontage du set de Paul Weller prend du retard. On nous demande de patienter. Ok ! Kings Of Leon quoi ! On est pas à trois minutes !
23 heures… ça chauffe. Le vent souffle de plus en plus, la scène commence à trembler. La lumière se ballade maintenant dangereusement, un bout du décor s’est arraché. Wow wow. Le feu n’est toujours pas maitrisé non plus. Hum. Ça sent pas bon.

Finalement, avant minuit, Kings Of Leon et Maxïmo Park sont officiellement annulés, la scène est "impraticable" et ne permet pas d’assurer la sécurité des groupes et des équipes. Bizarrement, ça se voit !
Ne sachant plus quoi faire, nous décidons de reprendre la route du camping. De toute façon, il n’y a plus rien à voir. Cela nous permettra aussi de vérifier l’état de nos tentes. Avec ce vent, nous craignons un peu le pire. Forcément, ce n’est pas pendant des vacances en Espagne qu’on se soucie d’accrocher correctement une tente … Brrr…
Quand soudain !…
(re-lol, oui, c’était la soirée ). À mi-parcours sur le site du festival, black-out électrique général. Noir. Wow. Trèèèès impressionnant. Un air de fin du monde, avec ce vent et cette poussière qui continuent de tout balayer, ces gens qui avancent dans la même direction, dans un noir presque total, et ce silence qui n’est percé que par les discussions et les cris.
Retour au camping, où c’est aussi le chaos complet. Notre "tente principale" (une sorte d’énorme châpiteau pour tout notre camping, où coule la bière au litre, où naissent les pizzas… Le paradis quoi…), notre tente donc bat au vent telles les voiles d’un bateau. Les tentes plus petites sont au sol, contre les grillages. Camping ravagé.
Je laisse mes compères à leur apéritif avec nos charmants voisins espagnols, je m’arme de l’appareil photo et je cours partout comme un fou pour tout immortaliser : l’évacuation totale du site (tous les concerts ont été annulés), les secours qui courent, le chapiteau éventré, la tempète de poussière (j’ai failli me ramasser plusieurs fois, du haut d’un talus, surpris par une rafalle plus importante…).
Je mange moi aussi beaucoup de sable, le visage est fouetté. Douloureux. Je rentre, je pleure 30 minutes, mes yeux étant littéralement éclatés par une quantité folle de poussière, je m’endors sur les coups de 3 heures.
Dehors, cela souffle encore, plus fort.

Earth, Wind…

… and Fire!

J+6. Day three. samedi 18 juillet 2009. Séïsme. Maxïmo Park / Elbow / Franz Ferdinand / 2ManyDJs.

♫ I know the dark days are back… An other panic attack…

Réveil chaotique, à trois dans la tente, au lieu de deux. Rapide pensée aux différents concerts qui ont sauté la veille : Kings Of Leon, Maxïmo Park, The Horrors, Boys Noise, Infadels… Outch, ça fait très mal. Mes yeux me brulent toujours aussi.
Tout a un goût différent. Tout est couvert de poussière. Aux douches, les palissades métalliques sont au sol, déssolidarisées sous la force du vent. Les toiles au dessus de nos têtes sont parties, ou ont été grandement arrachées. Lunaire.
Sur la route du centre, nous voyons la suite des dégâts. De loin, Escenario Verde semble éventrée. Son habillage a disparu, laissant sa structure métallique à nu. Wow. Les autres scènes ont un peu moins souffert apparemment. L’immense barrière entourant le festival en son entier est elle aussi courbée sur toute sa longueur. Dans le centre, des arbres sont au sol.
Nous avions pris nos places la veille pour le 7e match de charité (football) FC Artists vs. FC Press organisé par Oxfam. Annulé.
Direction la plage, à défaut, où la mer a perdu quelques degrés. On le sent bien. Nous en profitons tout de même.
À quelques minutes du départ, la traditionelle sortie de l’eau : derniers sauts fous dans l’eau, douche d’eau douce, puis séchage "naturel" au soleil. Je retourne enfin à nos serviettes. Un truc cloche, attire mon regard. Ma sacoche n’est plus là. Merde ! Panique intérieure. Je cherche, fouille, demande en anglais aux voisins de parasol. Rien. Je sens mon cœur battre, l’adrénaline monter. Merde ! Nous fouillons la plage pendant trente minutes, en vain.
Ma carte d’identité. Ma carte bleue. Mon appareil photo. (Ma carte de tram , pas une grosse perte ça…). Partis. Pleurs intérieurs. Je bous, j’enrage.
Rester calme. Bloquer la carte, porter plainte. Avec le portable qui ne passe pas, c’est pas facile ! Merde ! De manière interposée, je contacte le répondeur de maman grâce au portable de Lisa (merci encoooore), pour qu’elle joigne la banque depuis la France. Je monte au poste de police porter plainte, non sans quelques difficultés pour remplir un constat espagnol (vive l’Allemand LV2) avec des officiels qui ne pipent pas forcément tout ce que je dis dans mon anglais mâché (hyper sympas, calmes et rassurants quand même. Merci ).
Je rentre, sonné, complètement déboussolé.
J’ai enfin ma mère en direct au téléphone pour quelques nouvelles et les faits dans leur globalité. Plus fort que moi cette fois-ci, je craque, assis dans l’herbe.

La soirée se poursuivra quand même, le cœur lourd et l’estomac noué.
Une bonne nouvelle : Maxïmo Park est resté (de force, son matériel étant resté bloqué). Il ouvre la nuit dans un rythme endiablé.
A suivi Elbow, plus calme, plus ouvert. Un goût un peu spécial suite à cette journée…
Franz Ferdinand prit la place suivante, avec un punch hallucinant, faisant trembler la foule pendant près d’1 heure 30.
Fin de soirée en beauté avec 2ManyDJs, deux DJs belges qui ont complètement mis le feu à la scène principale, avec une set-list plus qu’impressionnante et une réalisation parfaite.

J+7. Day four. dimanche 19 juillet 2009. Football-Paëlla. Calexico / White Lies / Los Planetas / Silent Disco / TV On The Radio / The Killers / Birdy Nam Nam / <>.

♫ What happens when you lose everything… you just start again… you start all over again…

Comme vous l’avez lu dans le titre, grosse dernière journée sur le papier. Mais bizarrement, j’ai l’impression de tout vivre en demi-teinte depuis hier. Tout a un goût de sable, je crains de ne profiter qu’à moitié de cette fin de festival.
La plage a perdu de sa superbe, la mer semble être la seule à pouvoir me réconforter.
Au camping, l’apéro et le repas se font, j’ai en tête Calexico qui arrive. Sur la route, le son quitte mon esprit et semble résonner dans l’air. Tiens, le concert n’est pas censé avoir commencé… Il se trouve pourtant que le planning du soir a complètement été chamboulé, des groupes "de la tempête" s’étant greffés à la liste du soir. Le live de Calexico aura eu lieu, à distance.
Set des White Lies pour (re-)débuter la soirée, un jeune groupe anglais très sympathique !
Un petit bout de Los Planetas, band espagnol, avant de filer vers la Silent Disco.
Pour ceux qui ne connaissent pas le concept de la Silent Disco, le voici en quelques mots : deux DJs s’affrontent en parallèle, sur des musiques diffusées en simultané sur des casques sans fils (un petit bouton permet de changer et d’écouter l’un ou l’autre). Aucune musique n’est audible de l’extérieur. Très drôle, très amusant, et quand les DJs sont très bons comme au FIB, c’est un réel plaisir ! Nous y restons une vingtaine de minutes, attendant le début du live suivant.
TV on the Radio, énorme. Très entraînant. Une ambiance assez folle règne devant la scène Fiberfib.com.
Il est ensuite temps de retourner voir notre Escenario Verde, pour The Killers. Juste le début pour moi, car un autre live m’attend. Mais les amis me feront part de superbes echos en fin de nuit.
Je cours vers la tente Vodafone pour Birdy Nam Nam. "De nature", j’ai plus d’électro dans le sang que tout autre type de musique ! Et je ne suis pas déçu. Un superbe moment. Là encore, pas le temps de rester jusqu’à la fin, MON groupe va entrer en scène ailleurs.
Je cours vers Escenario Verde (le FIB n’est pas de tout repos ) pour suivre <>, le groupe pour lequel je trépigne depuis pas mal de temps. Ce groupe d’électro français (Montpellier), démarré par deux psychologues de profession, enflamme la scène principale pour son dernier concert. Plein centre, devant, génial. Le pied total. En transe même.
Le set n’est malheureusement pas aussi long que je l’aurais voulu quand je-ne-sais-plus-quelle symhonie est lancée, marquant la fermeture de la plus grande scène du Festival Internacional de Benicàssim. Au sol, les festivaliers dansent le ballet, sur scène les techniciens participent à la fête aussi. Impressionnant.
La nuit se termine sous la tente Vodafone, par un set DJ.
Le festival est officiellement terminé. La nuit a un goût bizarre.

J+8. lundi 20 juillet. Retour sur Terre.

Julien et Lisa nous quittent de bonne heure, un retour matinal les attend (à Londres pour elle, Bordeaux pour lui). Nous sommes plutôt contents de nous rendormir au-delà pour notre part .
Journée repos ensuite : petit-déjeuner calme, repas au café Juta’s du centre-ville, plage…
Le camping s’est vidé d’un tiers pour ce premier jour post-festival.

J+9. mardi 21 juillet. Départ. Journaux. Barcelone. Arc de Triomphe.

Dernier réveil à Bénicàssim. Le camping ferme à 14 heures.
Nous plions doucement, parmi le dépotoir qui nous entoure. Beaucoup d’étrangers achètent tout sur place, et repartent avec leur seule valise, abandonnant tentes, parasols, matelas… Impressionnant.
Nous amorçons le chemin retour dans la douceur, avec le premier bus pour Castellòn. À la gare routière de la ville, nous apprenons dans les quotidiens que des cas de grippe A (H1N1) ont été officialisés parmi les fibers. Cool !
Un autre bus nous ramène à Barcelone. Nous décidons de profiter une dernière fois de sa plage, puis nous endormons dans l’herbe à la belle étoile, au pied de l’Arc de Triomphe. La rosée nous réveille, et nous amène à poursuivre la nuit sur les gradins de la gare routière… avant que l’orage ne nous réveille lui-aussi en sursaut, nous forçant à nous réfugier dans le bâtiment.

J+10. mercredi 22 juillet. Retour.

Train pour Montpellier, puis pour Bordeaux.
Étrange sensation que d’être "de retour".

Retour.

Voilà. Vous avez maintenant tout compris.

Génial. Fait chier. Mais génial quand même.

J’avoue que ma réponse actuelle à la traditionnelle question "Alors, comment c’était ?" est quelque peu surfaite et mensongère. Je ne suis pas encore redescendu, je n’ai pas encore repris mes esprits. Je ne sais pas. Mon avis n’est pas fait. J’ai encore énormément de mal à faire la part des choses dans le chaos que je vous ai raconté ici, en version raccourcie qui plus est (comme vous pouvez certainement le deviner).
Aimé ? Pas aimé ? Aimé, sûr. À quel point ? Au moins à celui d’avoir absolument l’envie d’y retourner dans un an. Au-delà de cette réponse, il n’y a rien encore… J’attends de découvrir la réponse moi-même…

 

BONUSTRACKS

Reportage télé concernant l’incendie et la tempête.

Vidéo amateur dans le camping…

Quitter la version mobile