Fin de l’aventure péruvienne. 8 jours passés au Pérou, à découvrir Cusco, et à naviguer sur le Salkantay Trek jusqu’au Machu Picchu. 8 jours d’émerveillement, de découverte et de plaisir(s).
Nous sommes maintenant en route pour la seconde partie de notre voyage, qui se déroulera maintenant en Bolivie.
Nous avons quitté Cusco en bus et atteint Puno le 2 juin à 5 heures du matin. Fraîcheur, chocolat chaud et lever de soleil sur le Lac Titicaca.
2 juin 2012,
De Puno à Copacabana. En bateau sur le Lac Titicaca, nuit sur Isla del Sol
Notre bus quitte Puno à 8 heures du matin. Il fait frais, nous sommes épuisés et engourdis par nos 5 jours de marche et quelques heures de bus, mais à la pensée du lieu ou nous passerons la prochaine nuit, le courage et le sourire revient vite.
À vrai dire (et cela fut le cas tout au long du voyage) nous savons où nous voulons aller, nous y allons et voyons une fois sur place quoi faire. Pas de billet pris en avance, ni de réservation faite : nous débarquons et avisons. Un voyage à l’improviste.
À travers les vitres du bus, les paysages défilent.
Nous arrivons rapidement à la frontière (vers 11 heures). Tout le monde descend, et nous sommes invités à passer d’abord au poste de police péruvien. Il nous faut un tampon de sortie. Nous passons aussi dans un bureau de change car il faudra payer juste après le passage de la frontière et les distributeurs sont plutôt rares en Bolivie, en dehors des grandes villes (monnaie Bolivienne : le boliviano – Bs. / 1 Bs. ~ 0,12 € / $ 0,14 au moment du voyage).
Nous marchons ensuite vers la frontière, symbolisée par une porte au dessus de la route. Le passage se fait à pied. Et juste en passant sous l’arche, nous gagnons une heure : le Pérou et la Bolivie ne sont pas sur le même fuseau horaire. C’est drôle de se dire qu’en faisant un pas, on passe de 11 h 30 à 10 h 30. Si on refait un pas en arrière, on navigue de 10 h 30 à 11 h 30… Juste comme ça.
Bref. Nous voici donc officiellement en Bolivie, sur les coups de 10 h 30. Nous marchons vers le bureau d’immigration à quelques mètres de là, pour avoir notre visa dans le passeport.
Retour dans le bus, avant d’arriver à Copacabana à 11 h 50, où il nous faut payer une taxe d’entrée dans la ville : 1,5 Bs. (~ 0,18 € / $ 0,22). La machine est rodée !
Copacabana… à ne pas confondre avec la très célèbre plage de Rio, Copacabana est une petite ville Bolivienne à quelques kilomètres de la frontière avec le Pérou, coincée entre deux petites montagnes et directement au bord du Lac Titicaca. Belle, simple et riche de curiosités.
Nous descendons et marchons le long de la petite rue qui nous amène au port. C’est de là que nous prendrons un bateau pour rejoindre l’île où nous passerons la nuit.
Avec une heure à tuer, nous décidons de déjeuner dans un de ces petits restaurants sur le lac. Il y a de nombreuses petites tentes ouvertes, alignées sur le front d’eau, servant toutes les même repas : de la truite fraîchement pêchée, qui n’a parcouru que quelques mètres, du bateau à la cuisine, pour environ 20 Bs. (~ 2,36 € / $ 2,90). Le repas est absolument divin…
Le temps de finir de manger, et nous embarquons. Petit bateau, des chaises en bas, des bancs sur le toit pour profiter de la traversée. La vue est tout simplement magnifique. Le lac est situé à 3 800 m d’altitude, entouré de montagnes. Le temps est superbe, bien qu’un peu frais.
Après 1 h 20 de navigation, nous arrivons au port.
Isla del Sol. L’Île du Soleil. Un nom enchanteur n’est-ce pas ?! Pour l’histoire, le petit archipel tient son nom de la mythologie Inca, dans laquelle il est raconté que le Soleil serait né ici. Berceau de la création.
Aujourd’hui, 800 familles vivent sur cette île, de l’agriculture, de la pêche et du tourisme (environ 80 sites Incas à voir), dans une simplicité à la fois surprenante et merveilleuse : pas de route, tout est transporté à dos d’âne, guidés par des très jeunes ou des très vieux, sur un terrain très escarpé, et selon un agenda basé sur les heures d’arrivée des bateaux.
À notre arrivée, il nous faut trouver notre logement pour la nuit. Nous grimpons rapidement les marches qui nous amènent au premier petit village, une centaine de mètres plus haut. Nous trouvons deux chambres dans ce qui semble être une maison agrandie et aménagée en hôtel, avec une grande terrasse surplombant le lac, avec vue vers l’Est.
Le temps défile. Nous posons nos sacs, et partons marcher pour trouver un point de vue pour le coucher du Soleil. Nous prenons un petit chemin sur le flan de l’île, et repérons une petite clairière un peu plus haut. Aucun moyen d’y accéder facilement, il faudra couper et grimper !
Après 30 minutes physiques, j’arrive en premier au sommet, et je ne peux empêcher de lâcher mon trop plein d’émotions : nous sommes au sommet, à 4 000 mètres, 200 mètres au dessus de l’eau, avec une vue à 360° sur le lac, et le Soleil descendant doucement à l’Ouest. En bas, des pêcheurs dans leurs barques glissent lentement sur l’eau. Tout est calme, paisible… simplement un moment magnifique qui me bouleverse.
(Vous vous souvenez de la vidéo d’introduction au Carnet de Voyage ? À la toute fin, je me filme, les yeux brillants *_*, avant de laisser tomber la caméra au sol… c’était ce moment précis…)
Le temps à tout le monde d’arriver, et nous décidons de monter notre petit cairn (petite pyramide de pierres), pour marquer notre passage dans ce lieu fabuleux.
Nous nous asseyons, et regardons le Soleil descendre doucement.
J’en profite pour poser mes sentiments dans mon petit carnet de voyage.
Le Soleil parti, la température descend en vitesse, et le ciel s’obscurcit très rapidement. Lisa, Julien et JB reprennent le chemin tant que la lumière le permet, je reste un peu, besoin de solitude et de temps pour moi. Je dessine un grand cœur dans mon carnet, et une larme le rejoint.
Je pars 40 minutes après, dans la nuit noire, à essayer de trouver un passage à la frontale. Très excitant de marcher seul dans le noir, sans aucun repère, chemin ou même lumière pour guider… En marchant toujours tout droit devant, je finis par arriver sur un chemin, et redescendre vers le restaurant du dîner.
Repas à 19 h, dodo ensuite. La journée de demain sera comme les autres : longue et riche.
3 juin 2012,
Isla del Sol, arrivée à La Paz
Réveil matinal encore. 5 h 30 pour moi. Pourquoi si tôt ? Pour prendre le temps de voir le Soleil se lever, depuis la terrasse.
Je sors, installe ma caméra au sol, règle les paramètres, sort mon déclencheur sans fil. Je suis prêt. Je m’allonge au sol et observe le spectacle.
Face à moi, le Lac Titicaca. Un peu sur la droite, Isla de la Luna, l’Île de la Lune, à 7 km. Au fond, les rives du lac, à 30 km. Beauté suprême : pile à l’Est, au loin, Ancohuma, troisième point le plus haut de Bolivie, culminant à 6 427 mètres.
Le temps passe, le lever de Soleil est vraiment beau. Tout en douceur.
Aujourd’hui, ce sera une journée calme. Attention, calme ne veut pas dire « sans rien faire ». Voici le planning de la journée calme :
- Petit-déjeuner,
- Bateau de retour à Copacabana,
- Bus jusqu’à La Paz, capitale de la Bolivie, à 140 km,
- Trouver un hôtel,
- Trouver une agence pouvant nous réserver une descente de la Death Road,
- Manger, sortir, boire, profiter, dormir.
Il est temps de cocher le premier point et d’aller savourer un petit-déjeuner exceptionnel en terrasse d’un petit restaurant, avec un point de vue exceptionnel sur le lac. 20 Bs. pour des œufs brouillés, pain maison, beurre, confiture faite sur place, yaourt, café.
Nous redescendons ensuite à l’hôtel récupérer nos affaires, puis vers le port, il nous faut retourner à Copacabana.
Moi ? je regarde les bateaux partir …
Bateau, déjeuner à la truite au bord de la plage (on dirait qu’on déjeune juste après le petit-déjeuner, mais il s’est écoulé un peu plus de 3 heures quand même ). Encore 20 Bs. pour la truite. Tout est au même prix ici on dirait…
Une petite partie de babyfoot en bord de lac ?
Ou un petit tour de pédalo avant de partir ?
Nous avons une petite demi-heure avant le départ du bus. Je décide de faire un peu de shopping souvenirs pendant que les autres vont visiter la cathédrale apparemment magnifique.
Cadeau pour mon frère, maman, nièce et neveu. Je fais aussi le tour de toutes les boutiques à la recherche d’une pellicule pour mon appareil photo. J’en trouve enfin une, à… 20 Bs. ! Pas facile de payer : sac à dos dans le dos et un devant, appareil à la main, GoPro dans la poche… et la monnaie dans une petite poche autour de la taille. Il faut tout poser, payer, tout reprendre et repartir.
Retour au bus. Nous montons, posons nos sacs, et je profite pour ouvrir un petit paquet de cookies acheté plus tôt. Quelques minutes plus tard, une pensée douloureuse heurte fortement ma tête : « Où est mon appareil photo ? Où diable est ma caméra ?! ». Adrénaline. Le cœur perd son calme et s’emballe, au point de me faire mal. Je fouille le sac à mes pieds. Pas là. Le sac photo au dessus ? Pas là. Par terre ? Pas là. Sous le siège ? Pas là… Réfléchis… réfléchis… vite ! Le bus part dans 3 minutes… Revoir le parcours. Je l’avais en achetant les cadeaux… je ne l’avais plus en entrant dans le bus… Je me lève, sors en courant du bus, je descends la rue à toute allure, entre dans la boutique où j’ai acheté mon film, je demande à la jeune fille qui est là, dans mon espagnol plus qu’approximatif. Elle me sourit, et le sort de derrière le comptoir. Stress. Énervement contre moi-même. Je lui souris, la remercie 20 fois, et j’ai juste le temps de remonter en courant au bus, qui part. Tout me revient. Pour prendre ma monnaie, j’avais posé mes sacs à dos au sol, mon appareil sur un pack de Fanta sur le côté.
Ça. N’aurait. JAMAIS. Du. Arriver.
Je retrouve mon calme et apprécie le voyage. Dehors, le lac est toujours visible.
Après un peu plus d’une heure, le bus s’arrête, tout le monde descend. Nous allons devoir traverser le lac pour rejoindre la route sur l’autre rive. Le bus monte sur une barge, nous prenons un petit bateau. Petit moment sympa.
OK, on a confiance… Tous nos sacs sont dans le bus qui monte sur une petite barge…
De l’autre côté, nous reprenons notre chemin vers La Paz. Je m’endors sur la fin du parcours.
Arrivée sur les hauteurs de la capitale bolivienne à 15 h 30. Le bus s’arrête sur le bord de la route (quasiment une autoroute, mais tout le monde fait ce qu’il veut en conduisant ici…), et nous descendons prendre quelques photos.
La Paz !
Le cœur de la ville se trouve au milieu, là où il y a les buildings… C’est… immense !
La Paz, une ville à couper le souffle : tapie dans un canyon, à 3 660 m, cuvette remplie de maisons et buildings, et en toile de fond, les montagnes couvertes de neige… Sensationnel.
Descente dans le centre de La Paz
Nous terminons notre route et arrivons à la gare routière. Sacs sur le dos, nous commençons notre entrée dans la ruche bolivienne, grouillante de vie. Nous arrivons à un hôtel conseillé par nos amis rencontrés pendant le trek. « Une chambre pour quatre, pour une nuit siouplé ! ». Parfait. Nous montons poser nos sacs, et nous sortons rapidement. Il faut trouver une agence pour essayer de parcourir la Death Road, demain. Du jour pour le lendemain, c’est notre crédo !
Dans la gare routière principale de La Paz
Là, c’est calme. Il est 16 h 20, la ville va commencer à se réveiller…
Une agence, une deuxième, et c’est joué ! On a vraiment la chance avec nous. Retirer du cash, payer, donner les informations, et c’est réservé !
Death Road chez Coca Travels
Retour à l’hôtel. Petite douche, petit tour sur Internet, et nous sortons pour le dîner et une petite visite du centre de la ville. Beaucoup à voir : la ville a été bâtie sur la rivière qui a creusé le canyon, qu’on peut encore apercevoir à certains endroits… le palais présidentiel, les petits marchés… jusqu’à la prison de San Pedro, société à elle-seule, où les détenus, principalement liés à des affaires de drogue, louent leur chambres-maisons et vivent avec leurs familles (lisez le livre Marching Powder: A True Story of Friendship, Cocaine, and South America’s Strangest Jail qui raconte la vie dans ce lieu).
Le Palais Présidentiel de La Paz
À la recherche d’un bus-taxi ?
Cheers!
Une petite bière, pour trinquer à notre arrivée et au lendemain, puis nous filons au lit. Ai-je besoin de dire que nous devrons nous lever tôt ?
4 juin 2012,
Death Road
Réveil vers 5 heures. Préparation des sacs, que nous descendons à la consigne. Petit-déjeuner « all you can eat » (« mangez tout ce que vous pouvez ») de pancakes et café. Il faut prendre des forces, la journée va être épique et longue !
Non seulement nous allons descendre la Death Road aujourd’hui, mais nous devrons aussi rentrer plus tôt que le reste du groupe sur La Paz pour prendre notre bus à 17 h 30 et partir vers l’aventure suivante. Normalement, la journée sur la Death Road vous fait revenir à 19 heures à la capitale, nous nous sommes arrangés avec l’agence pour faire autrement. Normalement, tout sera bon !
Notre chauffeur est là sur les coups de 6 h 30. Nous allons d’abord dans un premier lieu pour récupérer nos casques de vélo, ainsi qu’un autre compagnon de route. Nous quittons La Paz, déjà en pleine effervescence.
La Paz au petit matin
Dans la voiture, je profite du peu de temps que nous avons pour fixer ma GoPro à mon casque, et faire quelques essais .
Check!
Nous arrivons à un petit lac à 9 h 20, à 4 660 mètres d’altitude. C’est de là que nous démarrerons notre descente à vélo. Nous faisons connaissance avec le reste du groupe, enfilons combinaison, gilet fluo, sur-pantalon, gants, casque, et récupérons le vélo qui sera notre pour la journée. Notre guide nous explique qu’il roulera avec nous, et nous montre les différents gestes qu’il faudra répéter pour faire passer les messages à tout le groupe, histoire que tout le monde survive : « attention », « ralentir », « serrer à droite », « serrer à gauche », « on s’arrête ».
Petit lac, à 4 660 m
Les vélos nous attendent…
… et chacun s’équipe…
La première partie se fait sur route, afin de se mettre en condition. 20 kilomètres de descente sur asphalte, à flan de montagne, avec vue sur un petit ravin, à croiser voitures, bus, et vache, parfois à 60 km/h.
Interdiction de se planter, hein !
Yay JB !
On dépasse des vaches…
… et des bus en plein virage…
Une fois chauds, nous reprenons la voiture pour remonter un peu, et arriver au point de départ de la piste de la Death Road. La vue est tout simplement… exceptionnelle. Paysage surréel, complètement accidenté, avec des pics et un canyon très profond, et une petite route gris clair qui zigzague au milieu de cet écrin vert. Ça promet !
« Attention, danger » ?
Je récupère la GoPro sur mon casque…
… et tout le monde est prêt à partir !
Nous enfourchons nos vélos, je vérifie que ma GoPro est bien accrochée sur mon casque, et je me colle derrière le guide pour avoir la meilleure vue possible, et aussi pouvoir rouler aussi vite que lui. C’est parti pour 30 kilomètres de plaisir et bonheur.
Je ne peux pas tout vous raconter, surtout que je ne sais pas vraiment comment car la descente est une chose qui se vit plus qu’elle ne se raconte… mais en quelques lignes, la Death Road c’est :
- une parcours total de 64 km avec un dénivelé descendant de 3 600 m,
- un trek partant de l’Altipano (la plaine d’altitude habitée la plus haute au monde, après le plateau du Tibet) froid à 4 660 mètres, et rejoignant Coroico dans la forêt forêt chaude et humide à 1 500 mètres d’altitude, autrement dit, des écarts de température importants à prévoir,
- une route de gravier et terre qui au point le plus large mesure 3,2 mètres,
- un précipice juste au bord du chemin pouvant être à la verticale et aller jusqu’à 600 mètres, à pic,
- une dizaine de petites barrières de sécurité (en bois, faut pas rigoler) tout au plus,
- un nombre impressionnant d’accidents, malheureusement toujours mortels…
La Death Road porte bien son nom (« Route de la Mort »). Elle a reçu en 1995 le titre dramatique de « Route la plus dangereuse au monde ». Voici comment on fait :
Règle n°1 : on suit exactement les mouvements du guide devant…
… puis on s’arrête au bord des falaises, pour le plaisir…
On roule sous les cascades…
On s’amuse à se dire : « et si je manquais le virage ? »
On se dit : « Ouay, c’est vraiment pas large ici ! »
Puis : « Oh, c’est encore moins large ici, et c’est mouillé ! »
Après 2 h 30 de vibrations, de frissons, de peur lorsque la roue arrière touche le petit gravier et se met à chasser en direction du ravin, de sursaut lorsque vous entendez un bruit juste derrière vous, vous tournez la tête quelques secondes et voyez un épais nuage de poussière signalant que le gars derrière vous s’est planté… nous arrivons à bon port, et vivants. Poignets en vrac, doigts courbaturés à force d’être crispés sur les freins… mais le plaisir d’avoir parcouru ces kilomètres.
Chacun se congratule, décapsule une bière et plaisante.
Arrivée en bas du parcours
Clap avec Lisa
Clap avec JB
Et on se repose et se remet des émotions avec une bière
Derniers moments avec Lisa, qui rentrera sur La Paz dans la soirée et prendra l’avion demain. Elle doit retourner sur Londres et reprendre le travail. C’est triste de se séparer comme ça en plein milieu du parcours ! Mais ça me fait un peu rire de me dire que la suite du voyage se passera « entre mecs ». Belle équipe de bras cassés (d’autant que c’est Lisa qui jusqu’à maintenant était notre traductrice… aucun de nous n’est vraiment bon en espagnol ). Ça promet…
Le reste du groupe part en voiture pour Coroico et aura droit à un bon petit repas et à se détendre au bord d’une piscine, et rentrera à La Paz par la nouvelle route construite en 2007… nous retournons rapidement à la capitale, embarquons avec les vélos… et faisons le chemin inverse, à remonter à bord de falaise. Julien a eu plus peur en voiture qu’en vélo. Il est vrai que lorsque le chauffeur s’arrête et commence à discuter et pointer du doigt un petit véhicule écrasé à la verticale quelques centaines de mètres plus bas, ça a de quoi faire frissonner…
« Tu vois la carcasse de voiture en bas…? »
Fin de la remontée dans le brouillard. C’est rassurant…
Dodo dans le van, arrivée à La Paz à 17 h 30. Le temps de rentrer à l’auberge, de prendre une douche, discuter avec… mais tiens, c’est Jenny et Amie qui sont là ! – récupérer les sacs et partir à la gare routière.
Notre bus du jour fera les 657 kilomètres qui nous séparent d’Uyuni, notre prochain point de passage. Le véhicule est sommaire, et l’appréhension me gagne : après avoir tellement entendu des affaires de vols de sacs dans le bus-même ou dans la soute, je me dis que celui-ci ressemble bien à un bus où cela pourrait arriver. Génial, le voyage commence avec l’appréhension.
Juste à la sortie de La Paz, nous nous arrêtons à Bolivar, un quartier populaire pour embarquer d’autres passagers. À un moment, un type louche monte, regard flou, s’approche de moi et commence à me parler. OK, à l’odeur, il est saoul. Je ne décrypte pas ce qu’il me dit, mais je comprends qu’il montre mon siège. OK, confirmation en regardant les billets, la compagnie de bus a vendu deux fois mon siège. Il s’assoit à côté de moi. Malaise profond. Ce type me regarde bizarrement. Avec l’alcool qu’il a dans le sang, celui qu’il a encore en main et sirote et le regard qu’il me lance, j’ai peur pour ma vie. Vraiment. Julien me dira plus tard qu’il avait peur pour moi aussi. À côté d’un gars saoul et énervé, dans un bus, avec plus de 11 heures de voyage devant nous. Au bout de 10 minutes, son ami l’appelle du fond du bus. Apparemment, il y a un siège de libre. Le gars finit son alcool, jette le sac par terre, et s’en va. Un jeune enfant prend sa place. Je suis un peu rassuré.
Appréhension. Peur. Et on est pas encore sur la route.
Le bus se met finalement en marche, je m’endors sous la couverture.
La route disparait pour faire place à des centaines de kilomètres de piste. Mes rêves sont étranges. Mélange de guerres, de destruction, de tremblements de terre. Nuit géniale.
Appréhension. Peur. Cauchemars.
5 juin 2012,
Uyuni. Arrivée nocturne au milieu de nulle-part
Je me réveille. Le bus est arrêté. J’ai froid. Je regarde autour de moi, des gens descendent. Je ne sais pas où l’on est. Je regarde à travers les vitres, je ne vois rien. Il fait encore noir et les vitres sont couvertes… de glace. Entièrement. Julien et JB se réveillent aussi. On ne sait pas trop ce qu’il se passe. On ne sait pas si on est arrivé à Uyuni. Je décide de sortir pour aller voir. Rien. Il fait noir, nous sommes dans une petite rue de terre et de poussière, dans ce qui ressemble à un village. Un seul lampadaire éclaire les alentours. Une horloge digitale indique qu’il est 4 heures du matin, et qu’il fait -5°C.
Nous finissons par comprendre que nous sommes arrivés lorsque le chauffeur fait descendre tout le monde.
Appréhension. Peur. Cauchemars. Froid.
Nous récupérons nos sacs, enfilons le maximum de vêtements sur nous. Les voyageurs disparaissent rapidement, et nous nous retrouvons seuls au milieu de la rue de poussière, éclairée par un unique lampadaire, dans une ville fantôme, avec aucune idée d’où nous sommes, où aller, quoi faire.